Tout jeune parti, né sept ans auparavant
de la lutte contre la guerre
d’Algérie, le PSU se trouve
confronté à la guerre des Six Jours dans
un contexte politique et idéologique très
particulier.
Deux faits, l’un externe, l’autre interne,
pèsent sur le débat très intense que connaît
alors le PSU. Sur le plan externe, c’est l’état
de l’opinion publique à ce moment-là.
Comme en 1956, quand il avait fallu aller
faire la guerre à Nasser, la presse est passionnément
pro-israélienne. Dans Le
Monde se succèdent les tribunes libres
en faveur d’Israël. En province, mais surtout
à Paris, se multiplient les manifestations
pro-israéliennes. Selon un sondage
publié avant le 5 juin, 58% des
Français soutiennent la cause israélienne,
2% seulement prennent parti pour « les
Arabes ».
Sur le plan interne, le PSU, depuis la fin
de la guerre d’Algérie, en recherche
d’interlocuteurs socialistes étrangers non
liés à la social-démocratie, s’est intéressé
à la fois au « socialisme arabe » et aux
socialistes de gauche israéliens, en particulier
le Mapam (ancêtre du Meretz). La
presse du PSU accorde une place relativement
importante à l’expérience israélienne
présentée entre 1962 et 1965 comme
la recherche d’une voie originale vers le
socialisme (rôle de la Histadrout et des
kibboutz). Puis, progressivement, le PSU
marque son intérêt pour les forces progressistes
arabes en Egypte et en Syrie,
sans oublier les rapports établis avec
l’Algérie indépendante, avec le FLN.
Quant au conflit israélo-arabe, le PSU a
longtemps estimé que « la nécessaire
entente israélo-arabe doit être fondée
sur la reconnaissance de la souveraineté
arabe comme d’Israël et sur une solution
humaine apportée au douloureux
problème des réfugiés » [1]. Le parti se proposait,
un peu prétentieusement, comme
médiateur privilégié du dialogue entre
socialistes arabes et socialistes israéliens,
dialogue considéré comme la voie principale
pouvant mener à une solution politique.
Le PSU estimait alors que le préalable
à toute solution était la reconnaissance
d’Israël par les Etats arabes. Sur la
question des réfugiés le PSU reprenait
plutôt les thèses israéliennes, attribuant
la responsabilité principale de ce problème
aux dirigeants arabes. La création
de l’OLP en 1964 au Caire avait à peine
été relevée par la presse du PSU qui
dénonça surtout le « bellicisme » de Choukeyri,
le premier dirigeant installé par
Nasser à la tête de l’OLP.
Assez vite, la presse du PSU, qui s’intéressait
à la question des minorités nationales,
a concentré son attention sur la
situation des « Arabes israéliens » considérés
comme victimes de discriminations
civiques et sociales et soumis à un régime
militaire inadmissible. Mais la critique
était tempérée par le rappel de l’état de belligérance
avec le monde arabe environnant.
Finalement, à partir de 1965, le PSU a durci
sa critique à l’égard d’Israël, à la fois de
l’évolution à droite du régime et du rapprochement
avec les Etats-Unis qui
s’enfonçaient dans la guerre du Vietnam.
Bref, entre 1960 et 1967, le PSU, après
avoir marqué une sympathie certaine
pour « le modèle israélien de socialisme »,
a mené une critique mesurée d’Israël,
une critique restée proche de celle portée
par la gauche sioniste en Israël même.
Pour le PSU, le problème principal à
l’époque restait le refus arabe de négocier.
Mais la tendance perceptible était celle
d’une radicalisation très progressive de
la critique d’Israël. Dans le parti vont se
cristalliser deux sensibilités qui finiront
par s’opposer : l’une proche du sionisme
socialiste, l’autre proche du « socialisme
arabe ». En 1967, ce sera la confrontation
ouverte.